Plusieurs études en font état : La prostitution recrute principalement dans les milieux défavorisés. L’errance, la précarité, et l’isolement sont des facteurs déterminants pour faire (ou non) ce choix, qui pour la majorité des personnes accompagnées par le réseau, représente le seul recours afin de surmonter des situations de grandes détresses économiques. Les centres d’hébergement connaissent ce public et partagent collectivement ce constat. Si parmi les femmes hébergées, certaines ont abandonné leurs activités de prostitutions au profit d’un cadre de vie plus stable, certaines s’y adonnent toujours, de manière plus ou moins régulière. La question interroge grandement les professionnel.les : Quelles sont les différentes formes de prostitutions ? Comment les repérer et les prévenir ? Comment sensibiliser aux risques qui leur sont inhérents ? Comment accompagner sans jugement les personnes concernées ?

Autant de questions qui ont émergé lors de la réunion de co-construction du programme qui a vu s’accorder tous et toutes les participantes sur l’urgence de se former sur le sujet. Car par-delà la question morale, la prostitution des femmes en situation de précarité est une affaire de santé publique. Dans les situations que nous connaissons, elle enferme trop souvent dans un cercle vicieux où prévalent toxicomanie, abus et exactions, clandestinité, mises en danger sérologiques, isolement, etc. A terme, elle ne peut que dégrader la santé physique, mentale, sociale et sexuelle des femmes pourtant déjà en situation de grande précarité.

Les 13 et 14 Juin 2019 au CHRS Villa Fromentin, s’est tenu, à la demande des structures du réseau le premier temps de formation sur les prostitutions. « La prostitution des personnes majeures et mineures : Se former pour mieux repérer, accompagner, orienter et prévenir » animé par l’Amicale du Nid (ADN) en partenariat avec l’association Altair S.E.A. La formation est d’abord inédite car elle rassemble deux têtes de réseau s’agissant de l’accompagnement des personnes qui se prostituent, n’ayant jamais uni leur force dans une intervention commune. Ce rapprochement se fera à travers Santé Plurielle qui organisera les premières rencontres entre les deux partenaires. Une collaboration d’autant plus pertinente qu’elle permettra de conjuguer les spécialités des deux intervenant.e.s : Les parcours de sortie de prostitution pour ADN et les spécificités des prostitutions des personnes LGBTQI+ pour Altair. Un rappel, s’il y en avait besoin de l’engagement de Santé Plurielle à créer des ponts entre partenaires et de mettre en lumière la richesse de l’offre francilienne en terme d’accompagnement social. Elle est également inédite car elle sera financée par la Direction Régionale des Droits des Femmes et de l’Egalité, l’instance signalera par cette action son investissement dans le programme soutenu et les valeurs défendus par le réseau.

Les 15 professionnel.les présent.e.s lors de ces journées de formation, à 95% très satisfait.e.s de son contenu, repartiront avec des outils concrets pour mieux comprendre, repérer et orienter les femmes concernées. Ils et elles seront nombreux.ses à souligner la qualité de l’intervention. Une psychologue au CHRS Pauline Roland se dit très satisfaite de cette formation, la première dans sa carrière. Elle se sent plus outillée pour accompagner les femmes qu’elle suit depuis plusieurs années. Une assistante sociale en location méditative qualifiera la formation de de passionnante car elle interroge les phénomènes prostitutionnels dans la société. Une autre confiera se sentir plus à apte à questionner ses représentations et à accompagner sans stigmatiser. Car il est là l’intérêt de notre travail, proposer à chaque femme accueillie un accompagnement spécifique, qui prennent en compte les difficultés et traumatismes liés à son parcours sans porter de jugement.